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Mobilité : des projets citoyens d’énergie renouvelable s’emparent de l’enjeu !

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L’impact des projets citoyens d’énergies renouvelables ne se limite pas à la production d’énergie et la dynamique citoyenne et territoriale amène parfois la mise en œuvre d'autres actions, notamment autour de la question de la mobilité, un enjeu crucial en milieu rural.

La mobilité fait partie des sujets dont se saisissent les citoyen·ne·s impliqué·e·s dans l’installation de centrales photovoltaïques ou de parcs éoliens. C’est le cas de l’association Atout Vent en Chemillois qui promeut la mobilité électrique en mettant à disposition un véhicule à l’essai, ou encore de la coopérative ACOPREV qui étudie la faisabilité d’un projet de station d’énergies décarbonées, dont l’hydrogène, pour alimenter voitures et vélos sur son territoire. Méthamoly propose un autre exemple, avec la création d’un site de méthanisation qui a entraîné la construction d’une station-service 100 % bioGNV à proximité.

Atout Vent : promouvoir la voiture électrique comme alternative en milieu rural

Depuis 2011, Atout Vent en Chemillois œuvre à développer l’éolien citoyen dans le Maine-et-Loire. L’association a été à l’initiative du parc éolien de La Jacterie inauguré en 2016, et a soutenu trois autres parcs entrés en service en 2020 et 2021 : l’Hyrôme, Mauges Éole Les Grands Fresnes et La Grande Levée.

« Lorsqu’on s’est rendu compte que l’énergie produite par les parcs pouvait couvrir les besoins en véhicules électriques, on a imaginé le projet d’un véhicule mutualisé », explique Xavier Perdriau, administrateur d’Atout Vent. L’objectif était de démystifier la voiture électrique, qui souffre encore de nombreux a priori auprès du grand public français. En fournissant des prestations de conseil à d’autres projets, Atout Vent a bénéficié de rentrées d’argent qui lui ont permis de faire l’acquisition d’un véhicule en mai 2019 : une Renault Zoe Life, équipée d’une batterie de 40 kWh et dotée d’une autonomie de 300 km environ.

Les sociétaires des parcs éoliens citoyens de la région peuvent à tour de rôle utiliser et essayer le véhicule pendant une semaine. Le bouche-à-oreille a oeuvré et 70 familles en ont déjà bénéficié à fin 2021, moyennant une inscription préalable sur un planning partagé en ligne, la signature d’une charte d’utilisation afin de garantir un usage respectueux du véhicule, et un chèque de caution. Un foyer sur cinq s’est équipé d’un véhicule électrique suite à l’expérience.

La Renault Zoe

Les personnes utilisatrices peuvent recharger la voiture à leur domicile ou bien sur des bornes publiques, nombreuses dans le département, et pour lesquelles le SIEML (Syndicat intercommunal d’énergie du Maine-et-Loire) fournit des cartes de recharges. Cette dernière option demeure la plus pratique pour la passation du véhicule d’une personne à l’autre.

En fin de semaine, la voiture doit être ramenée à une borne de recharge de Chemillé-en-Anjou, afin que la personne suivante puisse la prendre le samedi matin, batterie pleine. Avant usage, chaque personne prend des photos de la voiture pour vérifier son bon état, les envoie à Atout Vent, puis à la fin de sa semaine d’utilisation, remplit un questionnaire de satisfaction, laisse la carte de recharge dans la voiture et dépose la clé dans une boutique de couture à proximité de la borne, qui sert de point-contact entre les utilisateurs.

« Les bénévoles qui coordonnent l’action ont été pas mal sollicité·e·s au tout début. Mais globalement, c’est fluide, cela ne représente pas beaucoup de travail de suivi une fois le système en place », précise Xavier Perdriau.

Plusieurs projets avaient été envisagés pour la suite : un système de véhicules électriques en auto-partage, plus difficile à mettre en place en zone rurale, ou encore un groupement d’achat de voitures, mais l’absence de prix réduits a été dissuasive.

VercorSoleiL : mobilité électrique partagée sur le plateau du Vercors

Cette section est directement adaptée d’un article publié sur le site de l’Association des Centrales Villageoises.

En septembre 2020, une Renault Zoé d’occasion est acquise par VercorSoleiL. La mairie de La-Chapelle-en-Vercors réserve une place sur son parking, bientôt dotée d’une borne de recharge. VercorSoleiL met en place un barème tarifaire accessible : 20 € la demi-journée de location et 30 € la journée. Sans frais de carburant supplémentaire, puisque l’électricité consommée est incluse dans les tarifs.

Malgré cela, pendant les 18 premiers mois, le nombre de réservations reste bien trop faible pour couvrir les frais fixes. Fin 2021, trois entreprises se mettent à recourir au service pour des déplacements professionnels ponctuels, ce qui permet d’assurer la pérennité économique du service. Néanmoins, le changement d’habitudes des ménages (souvent dotés de 2 véhicules dans cette zone rurale) peine à se matérialiser. Le manque d’autonomie de la Zoé de 1ère génération (à peine plus d’une centaine de kilomètres) est potentiellement en cause, les particuliers n’étant pas familier de la gestion de la recharge d’un véhicule électrique.

En échangeant avec différents partenaires publics du territoire, un nouveau projet émerge, pour lequel VercorSoleiL a déposé un dossier de candidature dont la réponse ne viendra qu’en novembre 2022 : il s’agirait d’acheter un minibus électrique pour permettre aux enfants des communes périphériques de venir plus facilement participer aux activités périscolaires à La Chapelle-en-Vercors, dans lesquelles ils sont sous-représentés. Le centre social a en parallèle déposé un dossier pour obtenir les financements nécessaires à la création d’un poste de conducteur du minibus.

ACOPREV : des panneaux photovoltaïques pour une mobilité décarbonée à l’hydrogène

ACOPREV fait partie du réseau des Centrales Villageoises et mène une action innovante pour la transition énergétique sur son territoire dans la Drôme, avec la mise en place d’un projet pilote d’autoconsommation collective en circuit court, au moyen de panneaux photovoltaïques.

Avec 93 % des trajets effectués en voiture en milieu rural, ACOPREV cherche également à repenser la mobilité rurale, en valorisant des modes de déplacement actif (marche, vélo) et un usage plus collectif de la voiture (auto-partage, location…).

Elle promeut l’hydrogène vert local, qui présente l’avantage de pouvoir être stocké sur de longues durées, sans déperdition. Il peut ensuite être utilisé par le biais d’une pile à combustible alimentant un moteur, processus qui ne rejette que de la vapeur d’eau.

Le surplus de la production des centrales photovoltaïques peut être utilisé pour produire de l’hydrogène. « On produit, on consomme, et l’excédent est transformé en hydrogène ; cela se fait déjà mais n’existe pas encore à petite échelle », explique Hubert Rémillieux, un des porteurs du projet.

ACOPREV étudie la faisabilité d’une station multiservice qui proposerait un mix d’énergies bas carbone et décarbonées, comme le biogaz, l’électricité et l’hydrogène d’origine photovoltaïque, pour alimenter les voitures aussi bien que les vélos. La coopérative a commandé une étude à un cabinet spécialisé pour évaluer le potentiel de consommation d’hydrogène à l’échelle de son territoire.

Les Journées Hydrogène

Afin de sensibiliser le public, ACOPREV organise chaque année les Journées Hydrogène, avec des tables rondes, ainsi qu’un parcours pédagogique et des maquettes pour les publics scolaires. L’occasion de mettre en démonstration une voiture à hydrogène et de proposer au public l’essai de vélos à assistance électrique fonctionnant avec une pile à combustible et un stockage d’hydrogène intégrés.

Méthamoly : déjà 50 véhicules alimentés grâce à la méthanisation des biodéchets

Dans les Monts du Lyonnais, non loin de Lyon, un groupe d’agriculteurs a concrétisé un projet de méthaniseur collectif sur la commune de Saint-Denis-sur-Coise, avec l’aide d’Énergie Partagée et d’acteurs territoriaux.

Le site Méthamoly collecte les effluents d’élevage, ainsi que les biodéchets issus des cantines et d’entreprises agroalimentaires du territoire, pour les transformer en biométhane, un substitut au gaz naturel d’origine fossile. Sa production est injectée dans le réseau de gaz pour alimenter les besoins locaux.

Au sein de la communauté de communes a germé l’idée d’utiliser également le méthane comme biocarburant. Une station 100 % bioGNV (Gaz Naturel pour Véhicules) a vu le jour, concrétisée par une entreprise privée, dont certains membres de Méthamoly sont actionnaires. La station a été mise en service fin 2020, à proximité directe du méthaniseur.

La station bioGNV et le méthaniseur en arrière plan – Photo © Frédéric Berthet

Au-delà de permettre le ravitaillement des véhicules, elle a pour vocation de montrer aux habitant·e·s qu’il est possible de s’affranchir des énergies fossiles importées, en utilisant un carburant local qui valorise les biodéchets. Le bilan carbone du bioGNV est quasiment neutre : le CO2 libéré à l’échappement est équivalent au CO2 absorbé au cours de leur croissance par les végétaux méthanisés lors de la fabrication du biocarburant. Le bioGNV émet 80 % de CO2 en moins par rapport à un véhicule diesel de même génération et ne libère pas de particules fines.

Dans la phase initiale du projet, des transporteurs locaux se sont engagés à acheter des véhicules roulant au biogaz afin d’assurer la rentabilité de la station. Pas moins d’une trentaine de gros véhicules viennent se ravitailler chaque jour, dont des bus scolaires et départementaux, la benne à ordures ménagères de la collectivité, un 3,5 t de la coopérative fromagère AlterMonts, ainsi que les cars de plusieurs sociétés de transport. La station permet également à une vingtaine de véhicules légers ou utilitaires (artisans du bâtiment) de passer à la pompe, un plein permettant une autonomie d’environ 400 km. Concrètement, les usagers peuvent payer aux bornes par carte bancaire.

Photo © Frédéric Berthet

Composée de containers-modules, dont le nombre et la taille peuvent être facilement augmentés, la station est évolutive : sa capacité est modulable en fonction de la demande et un agrandissement est prévu courant 2022, pour atteindre une capacité de 900 m3/h.

Rouler au gaz revient moins cher, mais pour l’heure, le bioGNV reste méconnu et l’offre sur le marché automobile français très limitée. Bien que la collectivité ait mené en amont une action de sensibilisation aux véhicules propres auprès des habitant·e·s du territoire, passer au biocarburant demeure plus difficile pour les particuliers que pour les entreprises, qui renouvellent plus fréquemment leurs véhicules.

Cette station, inspirée de celle de Mortagne-sur-Sèvre en Vendée, est adaptée aux besoins du territoire, et sa rentabilité prouve que ce type de projet n’est pas réservé aux grandes stations d’autoroute. Dans un contexte rural où les déplacements en voiture individuelle sont incontournables, elle apporte une réponse vertueuse et durable aux besoins de mobilité.

Soutien financier

Énergie Partagée a bénéficié d’un soutien financier du Fonds Social Européen pour l’élaboration de cette page web.

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